Une norme pour réduire la nuisance sonore dans les bureaux ouverts.

Interview de Jean-Noël Amato, consultant TOIT de SOI, psychologue du travail et ergonome

Jean-Noël Amato, consultant TOIT de SOI a participé, dans le cadre des études du Département ingénierie des équipements de travail de  L’INRS, à la co écriture d’un article qui vient d’être publié dans la revue Références en santé au travail.
« Réduction de la nuisance sonore dans les bureaux ouverts : un exemple d’utilisation de la norme NF S31-199 en entreprise ».
Cf Le bruit dans les open spaces : acoustique et perception. Notes scientifiques et techniques de l’INRS NS 352. Paris INRS ; 2017 : 94 p. Auteur P. Chevret

Comment avez-vous eu l’idée de lancer cette étude ?

En France, plusieurs millions de personnes travaillent aujourd’hui dans le secteur tertiaire, parmi ces personnes, celles qui exercent une activité dans des bureaux ouverts se plaignent très souvent du bruit qui peut avoir des conséquences sur l’accomplissement du travail (déconcentration, erreurs…) ou sur la santé (fatigue, stress…). Le médecin du travail ou le préventeur d'entreprise sont généralement démunis pour accompagner une démarche globale de réduction de cette nuisance.

Alerté au départ par la multiplication des centres d’appel, l’INRS s’intéresse depuis de nombreuses années à ces problématiques de bruit dans le secteur tertiaire.   Aujourd’hui, les constats de terrain, le travail sur les normes, des études en laboratoire, les collaborations entre ergonomes, psychologues du travail et acousticiens ont permis de construire une démarche de prévention complète permettant à la fois d'objectiver l'acoustique du local et d'éclairer les difficultés ressenties par les salariés. L'analyse de l'activité est un point clé de cette approche, car les besoins de collaboration ou au contraire d'isolement acoustique sont très différents d'une activité à une autre. Ces distinctions ont entrainé la création de typologie de bureau qui permet de mieux caractériser les valeurs cibles et valeurs de références acoustiques (niveau moyen, décroissance, absorption).

En quoi consiste la démarche ?

Elle consiste à effectuer des évaluations collectives sur la nuisance sonore subie et ressentie par les salariés d’une entreprise. Ces évaluations se situent à la fois sur un plan objectif, au moyen d’indicateurs acoustiques, et sur le plan subjectif, à l’aide d’un questionnaire dédié.
La démarche s’appuie  sur la norme NF S 31-199 « Acoustique-Performances acoustiques des espaces ouverts de bureaux » publiée par l’AFNOR en mars 2016. La norme s’articule autour de trois volets : la typologie des bureaux ouverts (liée à l’activité), les indicateurs acoustiques, le ressenti des salariés.
Pour percevoir le ressenti individuel qui permet de construire la statistique collective, l’INRS a développé et validé sur le terrain avec l’INSA (L’Institut National des Sciences Appliquées) dans le cadre d’un projet partiellement financé par l’ANSES ( L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), un questionnaire annexé à la norme. Ce questionnaire GABO (Gêne Acoustique dans les Bureaux Ouverts) permet de recueillir le ressenti des salariés vis-à-vis de leur poste et surtout de l’environnement physique et sonore.

Le cas spécifique Orange

Cette approche, déclinée aujourd'hui dans cette norme, est  illustrée en s'appuyant sur un exemple de la démarche engagée chez l'opérateur Orange qui s’est proposé comme champ d’investigation pour l’étude.

Les conclusions de l’étude

La norme NF S 31-199 témoigne des progrès réalisés dans le domaine de la prévention du risque du bruit dans les open spaces qui doit être considéré comme un point clé de la satisfaction au travail.
Sur le plan national, la norme doit être connue par les acteurs de la prévention et les services de santé au travail afin de faciliter sa diffusion et son utilisation au sein des entreprises. Le questionnaire intégré à la norme est  disponible sur le site de l’INRS, accompagné d’un fichier Excel permettant une analyse descriptive des résultats.
Sur le plan international, il s’agit de porter la norme française au niveau de la normalisation ISO.

Points à retenir

• Le bruit est la première cause des plaintes des salariés des bureaux ouverts
• Selon l’activité d’un plateau du tertiaire, les besoins de collaboration ou de concentration sont très différents, impliquant des conceptions différentes pour l’acoustique
• Les paroles intelligibles sont ressenties comme des nuisances supérieures aux bruits de ventilation par exemple.
• De plus les paroles intelligibles provoquent plus de perturbation et d’erreurs que le bruit des sonneries de téléphone par exemple. Nous avons présenté ces résultats lors d’un congrès international à Londres au mois de Juillet 2017. 
• Le ressenti individuel des salariés constitue un échantillon qu’il est possible de traiter statistiquement
• Ce traitement statistique est un outil puissant d’accompagnement des améliorations envisagées ou effectuées pour l’agencement et l’acoustique d’un lieu de travail ouvert.

Pour aller plus loin 

TOIT de SOI développe une expertise spécifique en aménagement des espaces et des postes de travail

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