Guillaume DORLEANS, consultant psychologue du travail et ergonome au sein du cabinet TOIT de SOI est invité en tant qu’expert sur la web-radio de l’université Catholique de Lille lors d’une émission consacrée au burnout.
Guillaume DORLEANS, précise : « les symptômes du burnout sont plus forts que ceux du stress ponctuel » et sous l’angle psychosocial ce sont bien les conditions de travail qui sont à l’origine de ces symptômes. Sur le terrain, il explique être confronté à des personnes en souffrance au cours d’entretiens individuels, dans le cadre d’action de conseil ou d’audit RPS ou dans le cadre de débriefings sur la souffrance au travail.
Il identifie 4 phases dans le processus de burnout :
Dans cette dernière phase les signes d’épuisement peuvent faire penser à un état de dépression voir de stress post traumatique.
Le podcast dure 24min et est accessible sur la web-radio de l’université Catholique
Christina Maslach et Michael Leiter, chercheurs américains faisant référence dans le domaine, décrivent le burnout au travers de « l’écartèlement entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. Il représente une érosion des valeurs, de la dignité, de l’esprit et de la volonté – une érosion de l’âme humaine. C’est une souffrance qui se renforce progressivement et continûment, aspirant le sujet dans une spirale descendante dont il est difficile de s’extraire. Qu’arrive-t-il lorsque le burnout vous gagne? En fait, trois événements surviennent : vous vous sentez chroniquement épuisé ; vous devenez cynique et vous vous détachez de votre travail ; et vous vous sentez de plus en plus inefficace dans votre job ».
Un syndrome à trois dimensions
Si « l’épuisement » est un état caractéristique du burnout, ce syndrome s’avère en réalité plus complexe et peut être décrit au travers d’un processus comptant d’autres dimensions. En effet, les travaux scientifiques ont permis de concevoir le burnout comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :
Le burnout est une fatigue normale que certains exagèrent pour obtenir un arrêt de travail
L’épuisement professionnel ne peut être qualifié de « fatigue normale ». Il s’agit d’une fatigue physique, émotionnelle et morale intense comme si un incendie – d’où le terme anglais de burnout – avait brûlé toute l’énergie présente. Les collaborateurs qui en sont victimes ont souvent besoin de plusieurs jours/semaines/mois de repos avant de pouvoir à nouveau reprendre un rythme de travail habituel.
Le burnout s’attaque aux personnes "faibles"
Comme pour le stress il n’y a pas aujourd’hui de lien établi entre, d’un côté, l’épuisement professionnel et, de l’autre, le genre, l’âge ou encore le niveau d’études. En revanche, les études montrent que certains traits de personnalité peuvent jouer un rôle. On peut citer notamment le lien entre ce syndrome, l’instabilité émotionnelle (tendance à percevoir, construire et ressentir la réalité et les événements comme menaçants, pénibles et problématiques) et le caractère consciencieux (être méthodique, organisé, soigné, méticuleux, persévérant, etc.). Toutefois, cela ne réduit en rien l’influence des facteurs de RPS liés au travail dans l’émergence du burnout.
Un autre aspect individuel à considérer est l’importance accordée au travail dans la vie et l’identité de l’individu (sens donné au travail, valeurs qu’il véhicule). Cela se traduit pour l’individu par un fort investissement professionnel qui peut amener les personnes à nier leurs difficultés pensant que « ça va aller », que « les choses vont rentrer dans l’ordre ». Il arrive alors qu’elles n’arrivent pas à remettre en question leur façon de travailler et qu’elles refusent le soutien proposé par l’entourage. Attention néanmoins à ne pas considérer le syndrome d’épuisement professionnel comme «une maladie du battant», comme une conséquence inéluctable d’un engagement trop intense d’un individu au travail. En effet, il n’est pas possible de fixer un seuil qui puisse définir la juste part d’investissement qu’un individu devrait consacrer à ses relations affectives et sociales, et à son travail.
Le burnout, c’est un phénomène de mode
Risques psychosociaux (RPS), stress, burnout… autant de mots qui circulent, amplifiés parfois par les médias, comme si ces mots disaient à eux seuls tout ce qui n’avait pas été entendu ou compris jusque-là. Derrière ces termes, il existe de multiples situations vécues qui sont à analyser. Que la porte d’entrée soit les RPS hier, le syndrome d’épuisement professionnel aujourd’hui ou un autre vocable demain, l’important est de remettre le travail au cœur des discussions pour pouvoir agir en prévention.
Pour sortir du burnout il suffit de changer d’entreprise
Pour faciliter la reprise du travail, les actions à mener concernent non seulement le collaborateur présentant le syndrome mais aussi son entourage professionnel : son responsable, son équipe et plus largement le collectif de travail. Au niveau de l’entreprise, la survenue d’un cas de burnout doit l’alerter et la conduire à mettre en place des actions de prévention collectives afin que d’autres collaborateurs ne soient pas à leur tour confrontés aux mêmes risques. Cette approche collective permet en même temps de protéger le collaborateur ayant connu un épisode de burnout, en évitant ainsi de le « replonger » exactement dans le même environnement professionnel (afin de prévenir la rechute).
TOIT de SOI, à travers ses interventions d’audit, de conseil et de formation, accompagne les organisations dans la mise en place de politiques globales de santé au travail passant par la prévention des Risques PsychoSociaux (RPS) et le développement de la Qualité de Vie au Travail (QVT).
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