Sous l’impulsion des TIC, le développement du nomadisme a favorisé l’émergence de nouveaux lieux de travail que l’on peut qualifier de manière générale de tiers-lieux.
A mi-chemin entre travail collaboratif et nouvelles formes d’organisation, ces tiers-lieux sont très appréciés des salariés comme des employeurs car ils répondent aux impératifs de bien-être (proximité avec le domicile, flexibilité, nouvelles relations sociales,…) et de performance (intelligences collectives, co-élaboration, échange d’information et de savoir-faire,…). Facilitateurs de ces transformations, les TIC garantissent la possibilité pour le salarié de garder un contact étroit avec son entreprise tout en profitant de ce que les tiers lieux ont à offrir(1).
Par « tiers lieux » sont désignés les lieux autres que le domicile et le lieu de travail. Ils ont la particularité d’être pensés pour un mode de vie « urbain, individualisé, et mobile ». Mise en avant par le sociologue Ray Oldenburg(2), cette notion visait à l’origine des espaces ouverts favorisant échanges informels et créativité à travers les interactions sociales et non des lieux de travail autre que les locaux de l’entreprise.
La difficulté d’évaluer les facteurs de risques
On peut citer aujourd’hui, de manière non exhaustive les espaces de coworking (espaces de travail collaboratifs ou encore lieux de travail partagés), les techshops ( lieux avec matériel spécialisé à disposition), les fablabs (similaires aux précédents, ils sont plus orientés sur la mise en commun de savoir afin de créer de manière innovante), les hakerspaces (espace dédié à l’informatique par excellence, idée de partage des connaissance et des moyens techniques), ou encore les télécentres ( lieux proposant des espaces de bureaux et des services, ils ne sont pas nécessairement des espaces de collaboration).
Plus proche des préoccupations de l’employeur, la mise en relation de publics divers couplée à des lieux de travail « nouveaux » ou, en tout cas, inhabituels, pose de sérieuses questions quant à la bonne application des règles protectrices de la santé et de la sécurité des salariés et des tiers. Citons pêle-mêle : l’application de la présomption d’imputabilité d’un ATMP survenu sur le lieu de travail (le tiers-lieu peut-il être considéré comme un lieu de travail ?), la difficulté pour l’employeur de s’assurer que les locaux proposés (qui le plus souvent ne lui appartiennent pas) soient conformes aux normes imposées par le code du travail, ou encore l’exposition du salarié à des risques professionnels inhabituels (notamment dans le cadre d’un techshop ou d’un fablab) rendant malaisée leur évaluation et leur prévention.
L’intérêt pour la santé publique et l’économie urbaine
Pourtant, ces lieux représentent un intérêt certain pour la santé publique. En attirant les plus petites structures (notamment des startups et des TPE/PME) du fait de la baisse des coûts de structure et de la mise à disposition de matériel et de services, ils concentrent en un seul lieu des publics sensibles du fait de leur manque de moyens techniques, humains, et financiers. Nul doute que des actions ciblées sur ces tiers lieux permettraient aux services de santé au travail, à la CARSAT, ou encore aux ARACT d’atteindre des publics qu’en temps normal ils auraient du mal à sensibiliser, former, ou informer. Rappelons que le tissu économique français est composé à 65,5% de TPE regroupant 18,8% des salariés selon l’INSEE.
Les tiers lieux permettent de favoriser le bien-être des collaborateurs en leur proposant de nouveaux espaces de socialisation. Les rencontres ainsi générées ne sont pas sans intérêt pour l’entreprise puisqu’elles peuvent aisément déboucher sur des projets innovants ou des partenariats commerciaux.
Leur intérêt du point de vue de la santé au travail réside également dans la réduction des temps de trajet. Cela engendre d’une part, une baisse mécanique du nombre d’accidents de trajet et, d’autre part, une réduction de la fatigue favorisant une meilleure performance des salariés, notamment en agissant sur l’ensemble des facteurs de RPS mais également sur des troubles purement physiques (maladies cardio-vasculaire, hypertension, …).
Enfin, favoriser cette pratique peut représenter pour l’entreprise un moyen d’implémenter des politiques RSE ou de développement durable ambitieuses. En effet, outre les économies de trajet impactant les émissions de CO2, le recours aux tiers-lieux peut ressortir de la participation de l’entreprise à la politique d’urbanisation d’une ville, voire d’une région. Il peut notamment s’agir de réduire le trafic routier aux heures de pointes, de chercher à dynamiser un territoire particulier (zone à urbaniser en priorité, zone urbaine sensible, friche industrielle(3),…), ou encore de favoriser les emplois locaux.
Reste à accompagner les entreprises dans la mise en place de politiques de prévention de santé au travail adaptées.
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